Il suffit d'un prêtre qui veuille absolument me convertir, et qui m'invite à une comédie musicale "Qui nous fera voir le bonheur ? Jésus !" pour que je reçoive la Grâce. Et oui, ça paie d'avoir un prêtre super-sex dans sa robe en lin qui a promis de prier pour moi.

Et même si ma chambre n'en garde plus trace, même si le désordre de ces jours passés s'efface, il y a eu Camilla pendant quelques jours. Toujours trop court. Il faudrait vivre la nuit, mais je suis trop fatiguée, alors la petite soeur de mes nuits porte soudain très mal son nom.
Mais on n'oublie rien de ce qu'il faut retenir, c'est-à-dire tout : ses cheveux courts, son sac presque vide, la tombe sans intérêt de Jim Morrison et ce rabatteur hallucinatoire au t-shirt des Doors, les kilomètres de marche même si mes jambes ont du mal à tenir la distance, les cookies du Marais qui arrêteraient les guerres et les famines du monde entier si on les distribuait gratuitement, Anète que je revois enfin et sa fac qui tue, les passages au McDo ou au Quick alors que hin je boycotte normalement (je sais pas pourquoi, mais ça fait rebellz-José-Bové-attitude), "La Première Fois" même si elle n'a jamais eu lieu (ne croyez pas avoir compris), les siestes inopinées sur son épaule, son gilet multicolore, ses profs échappés de C'est Mon Choix, faire je-ne-sais-combien de librairies pour la convaincre au final d'acheter un agenda bleu métallisé, les fous rires impossibles à retenir devant la chorégraphie d'une église de quartier digne de Popstar, et puis Aude aussi, que je n'avais pas vue depuis plus d'un an. Et tant d'instants hors du temps.

La Grâce, c'est aussi croiser des amis au détour d'une rue, des hypôkhâgnes, ou des khâgnes, des Maëlle ou des Nicolas, et pourquoi pas des Céline. J'oublie le vide des jours à venir en organisant un cinéma demain, en téléphonant à Justine pour une soirée entre ex-TL.

Je flotte, sans oublier que chaque battement de coeur est un battement de moins à vivre. Je n'oublie jamais que j'ai la vie devant moi et que le vent l'emportera. Alors même sans être janséniste, je cherche la Grâce.